Malgré une rhétorique favorable à l’intégration des TIC dans l’enseignement des mathématiques, renforcée par un investissement important dans le matériel informatique et la formation professionnelle, la réalité internationale est que l’utilisation de ces technologies – à part les calculatrices – reste faible. Avec une histoire d’activité innovatrice et des conditions apparemment propices, l’Angleterre constitue un cas particulièrement aigu de cette énigme. Une analyse des prévisions curriculaires révèle une reconnaissance réservée de ces technologies et un manque d’attention aux questions d’instrumentation. Une étude des discours professionnels indique que les idées des enseignants sur l’usage réussi des TIC sont ancrées dans des représentations établies de la motivation des élèves et de l’apprentissage en classe. L’usage des TIC sert à réaliser des valeurs pédagogiques classiques, bien qu’il admette une rééquilibration des pratiques existantes. Une deuxième étude de la pratique professionnelle renforce ces conclusions, démontrant en particulier la forte influence de la culture empirique, surtout arithmétique, des mathématiques scolaires anglaises sur l’usage de la géométrie dynamique. Une synthèse est proposée qui prend en compte les analyses françaises homologues pour suggérer un modèle – adapté de l’étude de Laborde (2001) – des degrés d’intégration d’une technologie, et un modèle – reconnaissant l’analyse d’Artigue (2002) – du système socioculturel qui forme l’intégration des technologies. En conclusion, un défi systémique à l’intégration des technologies est souligné, surtout dans les conditions où les enseignants ne sont pas considérés comme des interprètes d’un curriculum institutionnellement négociable, chargés de son adaptation et d’une innovation continue.