L’une des caractéristiques les plus décisives de l’établissement des systèmes publics d’éducation dans les pays européens a été l’introduction des mathématiques – jusque-là marginales – dans l’enseignement secondaire existant, comme matière pédagogique majeure, en tant que dimension constitutive de l’enseignement général. Cette introduction ne s’est pas faite de manière homogène. Au contraire, les formes, les contenus et les méthodologies dépendaient des différents contextes culturels, sociaux et politiques prévalant dans les pays respectifs. En outre, après l’introduction, il n’y a pas eu d’évolution régulière- dans plusieurs pays, l’enseignement des mathématiques a subi des contrecoups, mettant en péril, ou réduisant de fait , sa fonction de sujet majeur.

Cet article rend compte d’un « panel » confrontant ces processus et expériences dans quatre pays européens :
– Les mathématiques ont été pour la première fois érigées en sujet scolaire majeur dans l’enseignement public avec la Révolution française, déclinant sous la Restauration française, et finalement ressuscitées au cours du XIXe siècle (Hélène Gispert, Université d’Orsay, France),
– Les mathématiques deviennent un élément constitutif de l’enseignement général en Prusse et en Bavière vers 1810 (Gert Schubring, Université de Bielefeld, Allemagne),
– La transition de l’enseignement privé, organisé par l’Église à l’instruction publique dans l’État national grec nouvellement créé (Nikos Kastanis, Université de Thessalonique, Grèce),
– Les mathématiques dans les réformes éducatives de l’Italie unifiée depuis 1861, et les conflits qui en résultèrent, causés par la prédominance de la culture humaniste (Livia Giacardi, Université de Turin, Italie).