Ce texte prend place dans une série de trois articles consacrés à la présentation d’une mathématicienne (Laure Saint-Raymond) et de deux mathématiciens (Jean-François Le Gall et Cédric Villani), tous trois élus à l’académie des sciences en décembre 2013. Alors que les textes sur Laure Saint-Raymond (par François Golse) et Jean-François Le Gall (par Grégory Miermont) sont de nature proprement mathématique (et assez ardus pour les non spécialistes !) Aurélien Alvarez a fait le choix, considérant que le thème des recherches de Cédric Villani a été abondamment présenté depuis son obtention de la médaille Fields en 2010, de s’attacher à une analyse du rôle médiatique de ce chercheur d’exception, rôle lui aussi exceptionnel (Aurélien Alvarez le qualifie de l’adjectif « époustouflant ») et souvent commenté.

Aurélien Alvarez par son activité personnelle comme animateur des mathématiques au sein de la Fondation « La main à la pâte » était tout particulièrement qualifié pour cette analyse.

La force de son article est qu’il ne se contente pas de décrire comment Cédric Villani a « endossé comme nul autre avant lui le rôle d’ambassadeur des mathématiques », en particulier auprès des médias (au total plusieurs centaines d’interventions) ; il rappelle d’ailleurs que Cédric Villani s’en est lui-même plusieurs fois expliqué, notamment dans son exposé » Splendeurs et misères du scientifique face aux média » lors du colloque récent » Sciences et médias » organisé par plusieurs sociétés savantes dont la SMF ( http://sfp.univ-lille1.fr/sciencesetmedia). Bien plus, en s’adossant à sa propre expérience, il présente des « conseils » pour participer (même modestement) à un tel rôle, tout en insistant sur l’ampleur du travail de réflexion et de préparation que nécessite le succès en ce domaine.

Il souligne pertinemment en quoi ces conseils vont parfois à l’encontre de nos coutumes universitaires ; en voici qui peuvent paraître perturbants pour nombre de collègues :
– « se débarrasser de son réflexe d’universitaire qui consiste à répondre à la question posée »
– oser » s’aventurer hors de notre spécialité »,
– « savoir répéter plusieurs fois la même chose », avec de constantes adaptations car « il n’y a pas deux médias et deux façons de communiquer qui se ressemblent »,
– prendre en compte le fait que « les mathématiques sont avant tout une grande aventure humaine, et le public qui n’est pas forcément conscient de cette dimension sociale, y est systématiquement sensible ».

Voici ici un extrait de la conclusion d’Aurélien Alvarez sur le besoin de penser l’activité de vulgarisation et sa valorisation :

« Des réflexions collectives sur ces questions commencent à s’engager timidement. Le fait que des scientifiques de premier plan, comme Cédric Villani ou Etienne Ghys, y consacrent autant d’énergie et s’attellent à la tâche avec autant de sérieux et d’enthousiasme est certainement une preuve que la vulgarisation scientifique ne doit plus être considérée comme une activité mineure et secondaire mais comme une mission du scientifique à part entière ».