Des grands textes de référence d’hier, relus et débattus par des auteurs d’aujourd’hui pour inventer l’école de demain. Telle est la formule, dans toutes les acceptions du terme, de ce numéro d’été du Monde de l’éducation. Pourquoi revenir à hier ? Parce que, sans retour sur le passé, l’école n’a pas d’avenir. D’autant que, bien souvent, nos difficultés éducatives – des inégalités à l’autorité – ont été vécues et pensées en d’autres temps et d’autres mœurs avec une acuité qui fait parfois défaut aujourd’hui. Sans volonté, cependant, de faire autorité. Le choix des « maîtres anciens » comme celui des interventions des contemporains nourriraient une discussion sans fin. Si nous avons choisi Montaigne et Condorcet plutôt que Jules Ferry ou Jean Zay, incontestables penseurs autant que réformateurs de l’éducation nationale, c’est parce qu’il s’agit ici davantage d’idées que de mise en œuvre politique, même si toute réflexion sur l’école naît souvent d’une pratique, d’une action ou d’une réaction à la chose publique. Aucune nostalgie non plus. Car c’est avec les outils philosophiques ou pédagogiques d’hier et d’aujourd’hui qu’il s’agit d’inventer l’école de demain, à partir de l’ici et du maintenant des conditions d’enseignement. Missions, métier, humanités : ce sont les facettes d’une école saisie par une démocratie inachevée que questionnent les auteurs. Ils nous fournissent même quelques raisons d’espérer, à travers des entretiens, débats et portraits parfois contradictoires. Car notre ambition n’est pas de livrer une pensée d’école, mais une école de pensées.