Mathématiques et vérité. Une philosophie du nombre.
Auteur : Baudet Jean
Résumé
A la croisée des mathématiques, de leur histoire, de leur philosophie, ce livre veut s’adresser à quiconque, loin des technicités des spécialistes, « est capable de penser par lui-même ». Et « point n’est besoin de déjà savoir pour lire ce livre ».
« La science n’est-elle qu’une illusion ? Le rationalisme, après les essais de Thalès, de Platon, de Descartes et d’Husserl, a-t-il finalement échoué, et doit-il laisser le champ de l’interrogation philosophique (de la détermination des valeurs) à l’intuition, au scepticisme, au retour du spirituel, voire au n’importe quoi érigé en système ? La mathématique – science par excellence – n’est-elle qu’une coquille vide ? Après la perte de nombreux repères religieux, culturels et politiques, l’homme postmoderne va-t-il devoir renoncer à la seule vérité qui lui paraissait certaine, absolue et indestructible, la vérité mathématique ? L’avènement de la théorie des ensembles (Dedekind et Cantor), la découverte des paradoxes ensemblistes (Russell), la crise des fondements (Hilbert), le théorème d’incomplétude (Gödel), l’effondrement de l’entreprise bourbakiste et l’arrivée des nouvelles philosophies américaines niant la vérité mathématique, tout cela nous conduit-il à la certitude de l’impossibilité de savoir et à la négation de toute entreprise philosophique ? L’homme, aujourd’hui, sait-il vraiment qu’il ne saura jamais rien ? C’est à ce questionnement que se livre l’auteur : enjeu de civilisation plus que jeu d’intellectuel. En parcourant l’histoire de la pensée mathématicienne (d’avant Pythagore jusqu’après Dieudonné), il montre que les découvertes successives du zéro et de l’infini conduisent à une profonde interrogation su les sources et le sens de tout savoir humain. »
Cela posé dans l’introduction, viennent dix exposés où le premier précise que les « références et explications de détail » qui pourraient accompagner les incursions dans « l’histoire » se trouveront dans le Nouvel abrégé d’histoire des mathématiques du même auteur, paru chez Vuibert en 2002 :
1. Un projet d’évaluation (5 pages), où la mathématique est d’abord perçue à travers « un ensemble de textes » et où l’auteur déclare que chercher la vérité implique qu’on ne l’a pas encore atteinte…
2. Le commencement (28 pages), avec, notamment, Thalès de Milet et Pythagore. Où l’on voit s’interroger sur les rapports entre nombres et figures et naître la démonstration…, cependant que Pythagore réfléchissait à l’harmonie en musique…
3. La mise en ordre (7 pages), d’Euclide à Diophante, en insistant sur celui-ci et ses deux techniques de calcul : la transposition et la réduction.
4. Figures, nombres, algèbre (14 pages), où l’on admire Bombelli acceptant, « nombre sophistiqué », et l’irruption de la géométrie analytique avec Descartes. Surgissent alors des questions-clés qui, par delà « l’idée somme toute naïve (empirique) de grandeur, veulent aller jusqu’à l’entier ou jusqu’au point ? ».
5. Un résumé de l’histoire de la philosophie (16 pages) … où l’on retrouve la recherche de la vérité avec « la fondation du rationalisme », « deux approches de l’infini » : Pythagore (pour le carré et sa diagonale, le fractionnement), Platon, Aristote, la Renaissance (avec l’idée arithmétique de l’infini par les séries, et son idée géométrique par les quadratures), et le critère de vérité » de nature psychologique » » finalement retenu » par Descartes.
6. Le zéro et l’infini (9 pages) : Wallis, Grandi, Newton, Leibniz, …
7. La crise (14 pages), à propos des différentielles, des parallèles, « des fondements », des paradoxes ensemblistes.
8. Mais c’est quoi, un nombre ? (39 pages).
Beaucoup de grands intervenants qui méritent tous qu’on les écoute. Ainsi Kronecker demandant, en 1887, que « tout objet mathématique soit défini en un nombre fini d’étapes ». Cependant qu’on s’interroge avec Piaget, et même Sartre, Husserl et Blondel,… pour conclure que :
– la mathématique est ce que l’on peut dire des objets réels quant à leur forme (au sens général de « ce qui accompagne la matière dans tout objet »).
– « la mathématique, la physique et la technique » seraient ainsi « l’ultime et triple et unique réalité des hommes : compter, décrire, agir ».
9. Les philosophes américains (25 pages) : Pléiade de portraits à partir du principe des ordinateurs, de Kleene et Turing, faisant place au constructivisme « à côté du formalisme toujours dominant et du réalisme en train d’émerger », avec une question finale iconoclaste : « Le temps ne serait-il pas venu pour évaluer le discours mathématicien, d’appliquer la technique à la mathématique ? », question inscrite dans une possible « fin des certitudes »…
10. Qu’est-ce qu’un objet ? (8 pages) qui se conclut par : « La mathématique – la pensée mathématique – existe et n’est vraie que parce qu’il y a des objets mathématiques ». « Objets réels ou mentaux ?, métaphoriques? » […] « Le problème n’est pas de savoir ce qu’il y a derrière les choses, ni même ce que sont les choses. Le problème est de savoir ce que l’homme peut dire des choses et surtout ce qu’il peut en faire » […]. De quoi, conclut l’auteur » admettre qu’il y a une certitude mathématique ».
Notes
Cet ouvrage est l’objet d’une recension dans la rubrique « matériaux pour une documentation » du Bulletin de l’APMEP n° 460.
Données de publication
Éditeur L’Harmattan Paris , 2005 Collection Aventure philosophique Format 13,5 cm x 17,5 cm, 184 p.
ISBN 2-7475-8059-8 ISSN 1269-8970
Public visé chercheur, élève ou étudiant, enseignant
Type ouvrage (au sens classique de l’édition) Langue français Support papier
Classification