L’idée défendue ici est que l’invention du nombre ne provient pas de pratiques comptables ou commerciales dans les premières cités-états ou dans les premiers empires. La source est beaucoup plus lointaine et plus profonde, comme le révèle l’ethnographie. Dans les sociétés traditionnelles en effet, la démultiplication de l’un est le modèle de la puissance créatrice, qu’elle soit « divine » (démiurge créateur du monde), ou humaine. Sur cette base, c’est au cours de rituels et d’échanges rituels que se créent des occasions de constitution du nombre.