Michel Maffesoli annonce la fin d’une époque de deux siècles et des valeurs longtemps partagées par tous : sous nos yeux, la Raison, la Science, le Progrès, la Foi en l’Avenir cèdent le pas à l’imaginaire, au plaisir, au rêve et à la fête.
La révolte silencieuse contre les institutions qui encadrent, enserrent, assignent à résidence se traduit par le nomadisme social, une circulation virevoltante d’un groupe éphémère à l’autre, en quête de situations fusionnelles toujours renouvelées, au hasard des pulsions, des goûts et des fantaisies.
Ce néotribalisme ne s’inscrit dans aucun projet politique, dans aucune finalité autre que le plaisir vécu collectivement. Versatilité idéologique, indifférence aux croyances générales, allergie au débat sont de règle : les vérités, fluctuantes, souvent contradictoires, sont celles du moment, de l’émotion partagée.
La perception de la durée est modifiée : la continuité de l’existence est faite de multiples écarts, de bons moments particuliers, d’événements éphémères, où le danger et l’intensité sont intimement mêlés. Tout se joue dans l’instant, éternel présent du plaisir.
Le travail, où l’organisation rationnelle domine sans partage, n’est plus vécu comme « réalisation de soi, participation au progrès collectif ». Il ne vaut que s’il permet de se payer du temps libre, la jouissance et la fête. On travaille « puisqu’il le faut bien ». La vraie vie est ailleurs.