Réflexion à la fois philosophique et didactique sur l’acte d’apprendre, le plaisir d’apprendre, et les modèles d’enseignement, l’article développe une réflexion sur certains aspects paradoxaux de l’enseignement, en partant de l’expression d’un découragement commun aux enseignants de mathématiques et de philosophie, ainsi que de la lecture comparée des écrits militants de Stella Baruk et B. Ogilvie. L’argumentation concernant la difficulté d’échapper au non-sens afin de faciliter un apprentissage authentique des élèves s’appuie sur une redéfinition de « l’automathisme », sur l’exploitation de quelques concepts didactiques empruntés à Ph. Meirieu, et sur des exemples précis observés en classes, de niveaux et de disciplines différentes.
Un modèle géométrique triangulaire, différent du polygone de L. Not et du triangle de J. Houssaye, propose au lecteur trois lieux possibles pour le sens par rapport au savoir que l’on a situé au centre de gravité. Une double référence discrète au modèle aristotélicien, ainsi qu’au modèle socratique à travers l’analyse qu’en donne Alain, aboutit à mettre en évidence l’enjeu autant épistémologique que politique et pédagogique de la décentration nécessaire de l’enseignant par rapport au modèle d’enseignement empirico-magistral actuellement majoritaire.
Mais il faut bien reconnaître que la disparition des situations de non-sens est si étroitement liée à une profonde modification des mentalités de tous les partenaires, que nous en sommes encore loin.