Qu’est-ce qu’une ressource pour apprendre ou enseigner les mathématiques il y a 4000 ans en Mésopotamie ? Le chapitre interroge, d’un point de vue d’historien, des sources anciennes constituées essentiellement de brouillons d’écoliers, écrits sur des tablettes d’argile conservées en grande quantité, produites entre les 18e et 17e siècles avant notre ère, et contenant principalement des exercices d’apprentissage de l’écriture, du sumérien et des mathématiques. Bien que très éloignées de nous, ces sources témoignent de phénomènes abordés dans plusieurs chapitres de l’ouvrage : un changement de support de la connaissance, qui passe d’une forme mémorisée à une forme écrite, des processus de standardisation, qui touchent en particulier la métrologie et l’écriture, et dans lesquels les écoles jouent un rôle clé, l’émergence d’un ensemble de références idéologiques spécifiquement liées à des milieux de savoir et d’enseignement. Cette contribution attache à préciser certains aspects de ces phénomènes et en particulier à identifier les auteurs, les usagers, la fonction et le statut des différents types d’écrits mathématiques produits dans le cadre des écoles de scribes ou en relation avec elles. Sur le plan méthodologique, les approches sont variées. En effet, les textes scolaires, de contenu très répétitif, ne livrent des informations intéressantes à l’historien que si celui-ci les appréhende sous divers angles et pas seulement par l’analyse textuelle. Par exemple, l’auteur examine les aspects matériels en établissant une typologie des tablettes. Une approche archivistique, basée sur des données quantitative, permet de préciser les relations entre textes et artefacts. L’environnement de travail, incluant les pratiques non écrites telles que mémorisation, instrumentation, calcul mental, usage de tables est également analysé.