Revenant aux enseignants, sur lesquels repose la lourde charge de faire entrer les élèves dans ces processus, le point de vue de psychanalyste de Philippe Chaussecourte donne à voir une approche de certains phénomènes inconscients chez les enseignants tels qu’ils peuvent être actualisés en classe de mathématiques : sont en jeu à la fois la méthode utilisée par le chercheur, très particulière et spécifique, et un aperçu des résultats sur un exemple. Il s’agit d’illustrer ce que l’auteur appelle le transfert didactique, vu comme un double lien, d’une part lien au savoir enseigné et, d’autre part, lien aux élèves. L’auteur détaille la démarche suivie pendant ses observations en classe et le travail auxquelles elles donnent lieu ensuite en groupe de chercheurs, puis dégage ce qu’il retient à la fois de l’enveloppe sonore que l’enseignante installe, de sa posture corporelle et de ses vêtements, et des séances elles-mêmes. Finalement l’hypothèse qu’il suggère est que le rapport au savoir mathématique de l’enseignante l’amène à expliciter les conventions plus que le sens, notamment pour les élèves faibles. En schématisant, pour ces derniers, elle serait ainsi plus exigeante pour le soin avec eux qu’avec les autres, cherchant davantage à ce que ces élèves fassent leur métier d’élève plutôt qu’à emporter des convictions « sur le fond ». Comme s’il n’y avait finalement pas d’enjeu profond de savoir en jeu. Comme si elle-même faisait son métier consciencieusement, dans une stratégie de conformité plus que de recherche de (transmission du) sens. Il est très intéressant de constater que l’auteur en arrive à la même question que le sociologue ou le psychologue : ce faisant l’enseignante n’accentue-t-elle par la différenciation entre les élèves ?