Proceedings of HPM 2004 & ESU 4. Mathematical justification as non-conceptualized practice: the Babylonian example. p. 438-452

(La justification mathématique comme pratique non conceptualisée : l'exemple babylonien.)

Auteur : Hoyrup Jens

Résumé

Les histoires générales des mathématiques – ces livres qui donnent en général aux didacticiens leur vision de l’histoire – déclarent souvent que l’argumentation mathématique ou preuve était une création des mathématiciens grecs anciens, alors que les cultures mathématiques antérieures – les Babyloniens et les Égyptiens – ne connaissaient que des règles par essais /erreurs. La même absence de preuve est supposée s’appliquer aux cultures mathématiques ultérieures non inspirées par les Grecs, telles que les mathématiques chinoises ou indiennes.
Le présent article défend la thèse que la lecture des mots des textes mathématiques babyloniens (par opposition à une lecture basée sur de simples nombres) montre qu’ils sont certainement construits autour d’une argumentation mathématique. Cette argumentation est en général «naïve», c’est-à-dire qu’elle ne traite pas explicitement des raisons de la validité de l’argumentation, ni de ses limites possibles. Cependant, certains textes contiennent des traces de cette « critique » (au sens où l’entend Kant). La différence entre les mathématiques babyloniennes et grecques en ce qui concerne le rôle de la preuve est que les textes grecs sont centrés sur la preuve, alors que l’argumentation babylonienne est là parce qu’il s’agit d’une nécessité didactique. Par conséquent, la preuve grecque a tendance à devenir déductive, tandis que l’argumentation babylonienne construit plutôt un réseau étroitement tissé de connexions conceptuelles. La fin de l’article soutient que cette nécessité didactique est toujours présente au moins à un niveau pas tout à fait banal dans toute culture mathématique: l’idéologie du taylorisme, à savoir que « la main » et « le cerveau » devraient être situés dans des personnes différentes, et que «la main» devrait être un instrument stupide régi simplement par des instructions inexpliquées conçues et transmises par «le cerveau», n’a jamais fonctionné quand il s’agit des mathématiques.

Abstract

General Histories of mathematics – those books which usually give didacticians their view of history – often state that mathematical argument or proof was a creation of the ancient Greek mathematicians, while earlier mathematical cultures – the Babylonians and the Egyptians – knew only rules found by accident or by trial and error. The same lack of mathematical argument is supposed to hold for later mathematical cultures not inspired by the Greeks, such as Chinese and Indian mathematics.
The present paper shows that a reading of the words of the Babylonian mathematical texts (as opposed to a reading based on the mere numbers) shows these to be constructed around mathematical argument. Mostly this argument is « naive », that is, it does not explicitly discuss the reasons for the validity of the argument, nor its possible limits; some texts, however, do contain traces of such « critique » (in Kant’s sense). Thedifference between Babylonian and Greek mathematics as regards the role of argument is that the Greek texts are centred around the argument, while the Babylonian argument is there because it is a didactical necessity. Therefore the Greek argument tends to become deductive, while the Babylonian argument rather builds up a tightly woven network of conceptual connections.
The end of the paper argues that this didactical necessity is always present at least at the not totally trite level of any mathematical culture: The ideology of Taylorism, namely that « the hand » and « the brain » should be located in different persons, and that « the hand » should be a mindless instrument merely governed by unexplained instructions devised and imparted by « the brain », never worked when it came to the use of mathematics.

Notes

Chapitre des Actes de HPM 2004 et ESU 4.

Données de publication

Éditeur University of Crete Iraklion , 2006 Format p. 438-452

ISBN 960-88712-8-X EAN 9789608871281

Public visé chercheur, enseignant, formateur

Type chapitre d’un ouvrage Langue anglais Support papier

Classification