Abélard Pierre
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Célèbre pour son histoire d’amour avec Héloïse, devenue un des mythes des amours contrariés, Pierre Abélard est un philosophe logicien, dialecticien et théologien chrétien français du 12e siècle.
Il est né en 1079 près de Nantes dans une famille noble du duché de Bretagne, il est mort en 1142 près de Chalon-sur-Saône. Fils aîné, il renonce à succéder à son père dans la chevalerie, laissant à son frère le droit d’aînesse et la carrière militaire pour étudier, devenir philosophe, théologien et moine.
Il est éduqué dans le milieu lettré et « moderne » de son époque, il est formé à l’escrime et à la cavalerie ainsi qu’à la lecture, au latin et à la musique. Vers 11 ans, il est envoyé à l’école (renommée) de la cathédrale de Chartres où il suit le trivium . Ensuite il continue à étudier dans divers couvents de la vallée de la Loire puis à Paris où il suit l’enseignement de Guillaume de Champeaux, philosophe et théologien, professeur à l’école cathédrale de Paris.
Abélard est un étudiant brillant, et obtient en 1101 le poste de maître des écoles du chapitre de la collégiale Notre-Dame de Melun (chargé d’enseigner et d’organiser l’enseignement, fonction qu’on appelait « écolâtre »). Jusqu’en 1108 il travaille et étudie intensément et élabore son enseignement. Ensuite il fonde une école de rhétorique et de théologie dans l’abbaye Sainte-Geneviève de Paris, qu’il conçoit comme un lieu d’étude ouvert au monde, par opposition aux monastères retirés du monde, et qui échappe au contrôle de l’évêque.
Apparaissent alors des querelles et rivalités entre Guillaume de Champeaux et Abélard. Rivalités personnelles et basées sur leurs points de vue différents dans la querelle des universaux , débat entre logiciens très important au 12e siècle.
La question des Universaux est celle de la nature des Idées.
Les universaux sont les concepts universels, (homme, chien, arbre) par opposition aux choses singulières (cet homme à qui je parle, ce chien qui est devant moi ou cet arbre que je vois). Guillaume tient pour le réalisme (seuls les Universaux existent en soi et les choses singulières leur sont subordonnées) qui est la théorie officielle de l’Eglise et de l’Université. A l’opposé, le nominalisme affirme que seuls existent les individus singuliers. Abélard défend une troisième théorie : le conceptualisme selon lequel il n’existe que des choses singulières, le concept se forme à partir de la ressemblance commune des êtres et l’universel serait donc une image élaborée par notre pensée, image que nous désignons par un nom.
Abélard enseigne le trivium et la dialectique, il invente la philosophie scolastique. Il voyage dans divers monastères, s’initie à la théologie. Il obtient une renommée qui lui permet de revenir à Paris et d’obtenir la chaire prestigieuse de l’école de la cathédrale.
Professeur célèbre, il a une étudiante particulièrement intelligente, érudite et brillante, Héloïse, avec qui s’engage une relation amoureuse (1113) qui en fait un des couples les plus célèbres de l’histoire (dans la catégorie amours contrariées) mais la vie et la carrière d’Abélard sont perturbées. Il se réfugie au monastère de Saint-Denis où il enseigne la théologie.
Par ses idées philosophiques, et peut-être son caractère et son intransigeance, Abélard s’est fait des ennemis et, suite à des « disputations » (débats publics entre philosophes) sur le thème du dogme de la Trinité, il est condamné, son livre livré en autodafé et lui-même quelque temps assigné à résidence.
Il sera ensuite moine, prédicateur, abbé réformateur, connaissant toujours des rivalités théologiques, des inimitiés tenaces en même temps que la protection de personnages importants.
Héloïse (1092 – 1164), de son côté, sera prieure d’un monastère, mais connaîtra elle aussi des rivalités. Elle sera jusqu’à la fin de sa vie abbesse d’un couvent qu’elle administre en vraie fondatrice d’ordre. Leur fils Astralabe (1116 – 1171) a été un chanoine et abbé cistercien.