Cette enquête repose sur le postulat selon lequel ni les mathématiques, ni la littérature ne se développent en vase clos. Tenant la littérature pour un reflet des mentalités, l’auteur cherche dans celle des XIIe et XIIIe siècles quelles attitudes se relèvent vis-à-vis des problèmes mathématiques. Or, au Moyen Age, le nombre jouit d’un prestige impressionnant. Les données chiffrées abondent dans les textes littéraires et il est intéressant d’étudier comment les auteurs manipulent les notions et les opérations arithmétiques. En s’appuyant sur des exemples précis (extraits de « La chanson de Roland », « La Queste del Saint Graal », « Le conte de Graal », « Le roman de la Rose », « Tristan et Iseut », « Le chevalier au lion »), l’auteur veut donc montrer le prestige du nombre et les flottements qui accompagnent son utilisation, et témoignent chez tous les auteurs, pourtant cultivés, d’une conceptualisation défaillante et d’une aspiration à l’exactitude dont le nombre semble être le garant.