Noether Emmy

ALGEBRE
ELEMENTS DE BIOGRAPHIE

Amalie Emmy Noether (1882-1935), mathématicienne allemande émigrée aux Etats-Unis en 1932. Elle est considérée comme la plus grande mathématicienne – et un des plus grands mathématiciens – du 20e siècle pour ses contributions révolutionnaires en algèbre et en physique théorique.
Elle se destine d’abord à enseigner le français et l’anglais puis, à 18 ans, entreprend des études de mathématiques, ce qui à l’époque est extrêmement difficile pour une jeune fille. Elle soutient cependant une thèse sur les invariants algébriques en 1907 sous la direction de Paul Gordan. Elle ne peut enseigner à l’université sauf de façon occasionnelle et bénévole, comme en remplacement de son père, Max Noether lui-même mathématicien. Elle est remarquée, notamment par Hilbert et Klein , avec qui elle va travailler à Göttingen mais qui ne parviennent pas à la recruter officiellement, la carrière universitaire étant fermée aux femmes. Bien que considérée comme assistante de Hilbert, elle démontre (1918) le théorème de Noether qui exprime l’équivalence qui existe entre les lois de conservation et l’invariance des lois physiques en ce qui concerne certaines transformations, qu’Einstein qualifie de « monument de la pensée mathématique » et est utilisé aujourd’hui par la physique théorique.
Après la Première Guerre Mondiale, les mentalités évoluent, elle obtient son habilitation en 1922, mais toujours sans poste ni rémunération, au moins les premières années.
A partir de 1920 , ses travaux portent sur l’algèbre abstraite, la théorie des anneaux et des idéaux. Elle publie en 1921 : Idealtheorie in Ringbereichen , publication qui donne naissance au terme « anneau noethérien ».
Elle jouit d’une grande notoriété parmi les mathématiciens, et aide les jeunes à développer leurs travaux laissant d’autres publier ses idées, elle-même n’en ayant guère la possibilité.
Elle obtient enfin une reconnaissance en 1932 avec le Prix Alfred Ackermann-Teubner Memorial et sa conférence plénière au Congrès International de Mathématiques à Zurich les systèmes hypercomplexes dans leurs relations avec l’algèbre commutative et la théorie des nombres.
En 1933, à l’arrivée du nazisme, elle perd son poste, comme la plupart des fonctionnaires juifs et émigre aux Etats-Unis où elle donne des cours à Princeton.
Elle meurt en 1935 des suites d’une opération a priori bénigne.
Le talent mathématique d’Emmy Noether est marqué par la prédominance des concepts, au détriment des calculs. Son travail conduit ainsi les mathématiciens à raisonner en termes abstraits (groupes, anneaux, idéaux) plutôt qu’en terme de calculs. Ses conférences sont difficiles à suivre, pourtant, une école se constitue autour d’elle, et il faut mesurer son importance non pas uniquement dans ses propres travaux, mais aussi dans l’influence qu’elle a eu sur McLane, Van der Waerden ou Chevalley .