Depuis quelque temps, l’industrie de l’enseignement s’est emparée des techniques multimédias et a mis sur le marché des produits éducatifs qui, dès leur lancement, ont connu un succès considérable. Les CD-ROM éducatifs se multiplient et de grandes maisons d’édition se lancent dans les cyber-cours du soir : ils devraient concerner, dès la rentrée de 1999, l’ensemble des élèves de l’enseignement secondaire. C’est la première étape, discrète, mais très active en coulisse, d’une offensive d’envergure qui doit aboutir dans quelques années à une OPA sur l’école de la République et à une large privatisation du système éducatif.
L’Education Nationale ne peut rester indifférente à la mise en place d’une école parallèle, avec le concours d’enseignants et d’étudiants d’IUFM. Des questions nombreuses et difficiles se posent : les techniques multimédias améliorent-elles vraiment la démarche éducative ? Ne sont-elles pas une nouvelle forme de l’illusion technicienne, sans cesse renaissante ? Comment intégrer de tels outils à la formation des élèves? Comment utiliser les compétences des enseignants pour mettre au point des produits de qualité dans le cadre et pour le bénéfice de l’Education Nationale ? Comment éviter l’atomisation du système éducatif et sa privatisation larvée que l’industrie de l’enseignement appelle de ses voeux? Seuls l’expérimentation et le recul du temps permettront de donner des réponses assurées. Raison de plus pour réfléchir et expérimenter dès maintenant.