Avant-propos de l’article :
« Appréhender les rapports existants entre mathématiques, pouvoir politique et société, telle est la perspective qui a présidé à cette étude interdisciplinaire sur l’introduction du calcul décimal et du système métrique dans la région rouennaise pendant la Révolution. Cette période nous est apparue significative dans la mesure où les bouleversements politiques et sociaux de la fin du XVIIIe siècle ont entraîné des changements dans le système d’éducation et de la pédagogie, en particulier dans le domaine de l’enseignement des mathématiques. L’introduction de l’arithmétique révolutionnaire ne peut donc être expliquée sans faire référence aux événements de juillet 1789 et à leurs conséquences. Elle traduit une rupture dans l’évolution politique et sociale du pays. Mais cette rupture, qui a été préparée, s’inscrit dans une continuité. Les nombres décimaux étaient connus bien avant la Révolution laquelle, d’autre part, ne correspond pas à la première tentative d’unification des poids et mesures en France. C’est ce que tendent à démontrer la présentation générale et la chronologie Qui la prolonge. De plus, durant longtemps les pesanteurs de l’Ancien régime ont survécu et ce n’est que très progressivement que le nouveau système de numération s’est imposé. Précisément, l’un de nos objectifs, à travers l’exemple rouennais, était aussi de relativiser la notion de « vérité » mathématique. Il n’est pas sans intérêt de faire découvrir à nos élèves que ce qui leur apparaît trop souvent comme un absolu n’est en fait qu’un acquis, susceptible d’être modifié. Cette intention pédagogique justifie la présence du commentaire d’un document choisi pour sa valeur significative. Nous l’avons accompagné d’annexes dont un questionnaire- guide qui a été expérimenté dans des classes d’histoire du secondaire. »