Dans un climat de fin de ségrégation menant à des violences importantes au sein des écoles publiques aux USA, l’intention originelle du Jigsaw était de proposer un travail collaboratif entre apprenants. Afin de pousser les membres d’un groupe à travailler ensemble, chacun est rendu responsable d’une partie des connaissances (une pièce du puzzle) qui est nécessaire à la réussite de la tâche commune finale.
Cette modalité de travail est aujourd’hui présentée comme une méthode d’apprentissage coopérative qui vise toujours l’amélioration du climat de classe mais dont les retombées semblent aux auteurs surtout avoir trait au langage comme clé de voûte de l’apprentissage. C’est sur cette facette qu’ils se concentrent ici plus particulièrement, en laissant de côté la dimension sociologique originelle. Du fait de son déroulement particulier, ce type de dispositif engage plusieurs dimensions relatives au langage analysées au travers de cet article :
(1) formuler et reformuler à plusieurs pour s’approprier, comprendre,
(2) formuler et reformuler pour transmettre,
(3) formuler et reformuler pour mener à bien une tâche collectivement.

L’objectif des auteurs est donc de questionner les apports de ce dispositif en se concentrant tout particulièrement sur le rôle joué par les formulations et les reformulations du savoir au sein des échanges langagiers entre élèves, qu’ils soient écrits ou oraux, lors de phases de travail individuelles et collectives.

Après avoir présenté brièvement le principe organisationnel du puzzle collaboratif, les auteurs exposent quelques éléments théoriques qui permettent de formuler leurs hypothèses et leurs questions de recherche (partie 1). Ils proposent ensuite une analyse a priori de trois expérimentations conduites en 2018 en mathématiques au lycée et en français au collège (partie 2).
Cette analyse est enfin confrontée à une analyse des productions écrites et orales d’élèves afin de mettre en évidence les principaux résultats (partie 3). En conclusion les auteurs reviennent sur les intérêts et les limites de ce dispositif, et ils donnent quelques pistes de réflexion concernant la mise en place du Jigsaw du point de vue de l’enseignant.

Structure de l’article :
1. – Du travail collaboratif à la construction de connaissances
a. Principes généraux et organisation en classe
Première phase : lancement de l’activité, dévolution
Deuxième phase : « groupes d’experts »
Troisième phase : travail sur une tâche collective nécessitant les expertises a, B, C et D
b. Caractérisation a priori du rôle du langage dans le Jigsaw
Le travail collectif pour devenir « experts » : le langage pour comprendre
Formuler et reformuler pour construire les connaissances à plusieurs : le langage pour apprendre
L’élève « expert », auteur : le langage pour transmettre
c. Hypothèses et cadre d’analyse des données
2. – Expérimentations menées et explicitations des choix
a. Présentation des expérimentations
b. Choix et enjeux dans la préparation des séances
En français, exemple de l’expérimentation 5 (littérature fantastique)
En mathématiques, expérimentation 4 (module et arguments)
3. – Analyses des expérimentations
Premier axe : un élève actif qui manipule le savoir. s’approprier des connaissances au sein d’un groupe : une prise de conscience individuelle, celle d’une posture d’expert.
Deuxième axe : acquisition de connaissances
Troisième axe, le travail collaboratif : transmettre une connaissance, la confronter à d’autres pour la mobiliser et l’enrichir
Conclusion
Bibliographie
ANNEXES
Expérimentation 4 : Nombres complexes, module et argument
Expérimentation 5 : Le registre fantastique