Condorcet, par réaction à l’endoctrinement de l’Église sous l’Ancien régime, souhaitait que l’école républicaine réserve à la famille le soin d’éduquer les enfants aux valeurs. L’école devait instruire et non éduquer. Aujourd’hui, il est théoriquement et pratiquement possible d’éduquer aux valeurs dans le système éducatif sans sombrer dans une morale ou une éthique particulières, et sans verser ni dans le moralisme ni dans le civisme. C’est ce que propose cette communication. Elle s’appuie, pour ce faire, d’une part, sur une clarification conceptuelle entre valeurs et normes, et, d’autre part, sur la distinction entre un consensus de type éthico-politique, qui s’établit sur fond de valeurs partagées par une communauté juridique de référence, et des normes éthiques qui n’engagent que ceux qui y adhèrent librement. Elle veut aussi justifier que les valeurs à transmettre recoupent des objectifs d’apprentissage : l’apprentissage de l’autonomie individuelle, de la coopér ation sociale et de la participation publique. Les aspects méthodologiques de ces apprentissages, sous forme d’une trentaine de préparations de leçons pour l’école primaire, transposables pour le premier cycle du secondaire, ont été publiés depuis.