Schwartz Laurent
ANALYSE
ELEMENTS DE BIOGRAPHIE
Laurent Schwartz (1915-2002), mathématicien français.
Il fait partie d’une famille d’origine alsacienne (ayant quitté l’Alsace après la guerre de 1870) qui compte de nombreux scientifiques et notamment de mathématiciens et de médecins. Son père Anselme Schwartz était un chirurgien renommé, le célèbre pédiatre Robert Debré est son oncle, les grands mathématiciens Jacques Hadamard et Paul Lévy sont respectivement son grand-oncle et son beau-père, son frère Daniel Schwartz est statisticien. Lui-même est un des plus grands mathématiciens du 20e siècle. Sa femme Marie-Hélène et sa fille Claudine sont aussi mathématiciennes.
Il fait de brillantes études secondaires (prix de concours général en latin) et choisit de se spécialiser en mathématiques. Il intègre l’Ecole Normale Supérieure (1934) et est agrégé en 1937 (classé deuxième : après Gustave Choquet ). Il effectue ensuite son service militaire, puis arrive la Seconde Guerre Mondiale. Il est démobilisé en 1940 mais les années suivantes sont compliquées du fait des origines juives de sa famille et de ses opinions trotskistes.
Il va à Clermont-Ferrand où s’est repliée l’université de Strasbourg et où se trouvent plusieurs mathématiciens du groupe Bourbaki . Il travaille avec Henri Cartan , Jean Dieudonné , Charles Ehresmann , En 1943 il soutient sa thèse Etude des sommes d’exponentielles, dirigée par Georges Valiron .
Il est ensuite nommé dans les universités de Grenoble (1944), Nancy (1945) et Paris (1952). A partir de 1958 il est professeur à l’Ecole Polytechnique dont il refonde les études de mathématiques et où il crée un centre de recherches, Il sera exclu de ce poste de 1961 à 1963 pour son action politique fermement anticolonialiste, opposé à la guerre d’Algérie ainsi qu’à toute forme de torture (signataire du manifeste des 121).
Chercheur de classe internationale, il travaille dans de nombreux pays, malgré des difficultés à aller aux Etats-Unis à cause de son passé trotskiste.
Il a été élu à l’Académie des Sciences en 1973, a reçu de nombreux prix et distinctions.
Ses travaux en mathématiques sont de toute première importance. Il invente la théorie des distributions qui lui vaut une des premières médailles Fields (1950). Cette théorie, qui généralise la notion de fonction, donne un sens mathématique à des calculs utilisés par les physiciens, éclaire la fonction de Heaviside et la fonction delta de Dirac . Extrêmement féconde la théorie des distributions est de première importance pour la théorie des transformées de Fourier et pour l’étude des équations aux dérivées partielles. Parmi ses étudiants qui ont continué ses travaux : Bernard Malgrange , Jacques-Louis Lions , François Bruhat, Alexandre Grothendieck .
On lui doit aussi d’importants travaux sur la géométrie des espaces de Banach , sur les probabilités.
Ses talents de conférencier et d’enseignants sont unanimement reconnus. Il s’est impliqué dans les réformes de l’université et dans celles de l’enseignement des mathématiques, s’opposant à la réforme dite des « mathématiques modernes » dans le secondaire.
Parmi ses nombreux ouvrages, Théorie des distributions (1950 et 1951, réédité en 1966), Méthodes mathématiques pour les sciences physiques (1965, traduit dans de nombreuses langues) et son Cours d’analyse à l’Ecole Polytechnique, utilisé par de nombreux étudiants.
En même temps que ses activités de recherche, il a toujours été un intellectuel engagé contre toutes les formes de colonialisme, ce que résume le titre de son autobiographie Un mathématicien aux prises avec le siècle. Dans cette vie aussi richement remplie, il avait aussi une passion pour l’entomologie et rassemblé une collection de plus de 20000 papillons qu’il a léguée à des musées.
De nombreuses sites internet sont consacrés à sa biographie et lui rendent hommage. Il convient de ne pas le confondre avec son homonyme le cancérologue Laurent Schwartz.